Le Président Valéry Giscard d'Estaing a installé la semaine dernière un Comité d'orientation stratégique qui regroupe la plupart des opposants au développement massif de l'éolien et se propose d'évaluer les conséquences du choix de cette énergie.
Quand j'étais président, je me suis beaucoup occupé de la protection du paysage français, notamment en lançant le conservatoire du littoral. Et ces six derniers mois, circulant en France en TGV, j'ai vu apparaître des fermes éoliennes, dans la Beauce. Or le paysage est une des choses les plus précieuses que nous avons, avec la langue et le patrimoine culturel. La seconde raison, c'est l'obscurité financière de cette affaire. On ne donne jamais de chiffres, on ne sait pas qui paye et on se sert d'arguments psychologiques sans expliquer aux citoyens les conséquences. Pourquoi fabrique-t-on de l'électricité plus chère alors que grâce au nucléaire nous avons des surplus ?
La vérité sur les chiffres. Il faudrait quand même que le gouvernement tienne un propos clair sur le sujet. Et pourquoi cet enthousiasme des constructeurs ? Ce n'est pas pour l'environnement, c'est parce que les profits sont considérables. L'exigence de transparence sur un sujet pareil est normale.
Il y a une erreur stratégique manifeste : la France est de loin le pays le plus en avance d'Europe pour l'électricité non productrice de CO2, grâce au nucléaire. Il est inadmissible que le nucléaire n'ait pas été inclus dans ces objectifs. Concernant l'éolien, s'il apparaît qu'il y a une rentabilité et qu'il peut y avoir des sites particuliers, sur des friches industrielles, pourquoi pas. Mais dans la clarté.
Ce combat transcende les clivages. Aux municipales, beaucoup de maires qui ont installé des éoliennes ont été battus. Cette question mérite un grand débat national, qui tienne compte des retombées sur le paysage. Ce n'est pas la peine de dire qu'on est la première destination touristique mondiale si les hauteurs du Massif central sont couvertes d'éoliennes. Regardez ce qui s'est passé en Espagne [où les éoliennes se sont beaucoup développées, ndlr]. L'opinion doit connaître les projets, il n'y a aucune raison que tout ceci reste semi-clandestin.
Recueilli par Guillaume Launay