Dans le canton de Chéroy, ce qu'Henri de Raincourt veut, il l'obtient. Le président du conseil général a annoncé, samedi, que le bureau de la communauté de communes du Gâtinais avait voté, jeudi soir, pour le retrait du projet de parc éolien à l'étude dans le secteur.
Une déclaration faite à Chéroy, lors de la réunion publique organisée par l'AGAPE (Association Gâtinaise pour le Patrimoine et l'Environnement). Largement acquis à sa cause, les très nombreux spectateurs ont salué dans un tonnerre d'applaudissements l'annonce.
Il n'y aura donc pas de parc éolien dans le secteur. Henri de Raincourt a assuré à l'auditoire que le préfet retirerait le dossier dès qu'il recevrait la lettre de la communauté de communes, qui avait compétence sur le sujet, par délégation donnée par les communes concernées.
Les villages pourront présenter un nouveau dossier, à titre individuel. Mais qui s'y risquera après l'avertissement donné par Henri de Raincourt ? « Dans vos communes, n'ayez pas peur d'aller voir vos maires et les candidats aux municipales, demandez-leur s'ils sont favorables ou non aux éoliennes et s'ils sont pour, dites-leur que vous ne voterez pas pour eux », a lancé le président du SIVOM du Gâtinais. Le message est on ne peut plus clair.
Les maires des communes porteuses du projet n'ont plus qu'à avaler cette couleuvre. « Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ? », soupire Janine Laczak, le maire de Dollot. « Je ne comprends pas du tout la position d'Henri de Raincourt. Il était au courant, tout le monde était au courant. Et soudain, tout cela ressort. Je pense que c'est surtout électoral. Je suis déçue, oui et non, car je suis la majorité mais je préfère quand même les éoliennes au nucléaire. »
« C'est dommage. J'aurais au moins aimé que l'instruction aille jusqu'au bout. Mais dans la mesure où le président du conseil général est contre… », ajoute Claude Vigneaux, maire de Brannay et président de la communauté de communes, qui se « refuse à toute polémique », même s'il fait remarquer que le président du conseil général avait assisté à l'assemblée générale consacrée aux compétences en matière d'éolienne. « Mais il n'a pas participé officiellement au dépôt du dossier. »
Henri de Raincourt affirme de son côté ne pas avoir été invité aux bureaux de la communauté et n'avoir pas reçu leurs procès-verbaux. Le président et le vice-président du SIVOM sont cependant d'accord pour vouloir « calmer les esprits ». C'est le sens que tous deux donnent au vote de la communauté de communes, alors que les divisions menaçaient le canton.
La réunion de Chéroy, qui avait pour but de mobiliser l'opinion contre le projet de parc éolien, a été vidée de son sens une fois le retrait du dossier annoncé. Henri de Raincourt, président du conseil général et Jean-Loup Couturier, président de l'AGAPE, ont toutefois eu l'occasion de développer ou de rappeler leurs arguments contre le projet de la société Nordex.
Le sénateur a ainsi expliqué qu'il était contre un projet qu'il jugeait « non adapté au secteur » et qui était surtout « rentable pour le promoteur ». Il a aussi vivement critiqué la méthode, regrettant que l'opinion n'ait pas été largement consultée.
Les spectateurs ont salué leurs interventions, à quelques exceptions. Un agriculteur de Dollot a demandé à Henri de Raincourt s'il n'avait pas en arrière-pensée de préparer l'implantation d'un aéroport, provoquant un éclat de rire général ; une représentante du collectif contre le centre d'enfouissement de Volgré a regretté qu'Henri de Raincourt ne se soit pas autant investi dans leur combat, tandis qu'une autre personne a souligné les dangers du nucléaire.